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Etats généraux de l'alimentation Leclerc persiste : industriels et distributeurs trament une hausse des prix

Michel-Edouard Leclerc a une nouvelle fois accusé lundi agriculteurs, industriels et ses concurrents de préparer des hausses de prix des produits vendus en grande distribution, sous le prétexte de mieux valoriser les productions agricoles en crise.

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« Ce qui m'a fait sortir de mes gonds, c'est qu'on nous a annoncé que dans les centres Leclerc (...) il faudrait relever les prix de 5 % à 15 % », a déclaré lundi le patron du réseau de distributeurs sur RTL. « J'ai écrit vendredi au président de la République pour (...) attirer son attention » sur ces projets, a indiqué Michel-Edouard Leclerc.

La FNSEA et l'Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), visées par Michel-Edouard Leclerc, proposent dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation de redéfinir le seuil de revente à perte, le prix minimum en dessous duquel les distributeurs n'ont pas le droit de vendre. Elles proposent que ce seuil soit augmenté pour intégrer les coûts de distribution. Mais selon Michel-Edouard Leclerc, la proposition aurait pour effet de renchérir les prix pour les consommateurs, sans pour autant grossir les revenus des agriculteurs.

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a dénoncé les propos de M. Leclerc, après un entretien avec le Premier ministre, Edouard Philippe. « M. Leclerc est très bavard à l'extérieur des Etats généraux de l'alimentation mais ses représentants dans les ateliers ont été peu bavards », a ironisé Christiane Lambert. Le leader des supermarchés Leclerc « représente un ancien monde, celui des prix toujours plus bas », selon elle. « Les consommateurs veulent autre chose, ils veulent de l'origine, de la qualité, de la proximité, ils veulent savoir qui produit et comment et ils veulent surtout redonner plus de centimes aux producteurs », a-t-elle estimé. Pour elle, Michel-Edouard Leclerc « défend surtout ses marges à lui, et ses intérêts à lui ». Elle lui a à nouveau reproché de revendre à perte et d'« écraser » de la valeur, un « jeu malsain » qui « ne peut plus durer ». « En pratiquant ainsi, il porte une responsabilité sur cette dégradation de la situation des agriculteurs, quoi qu'il en dise », a-t-elle ajouté.

Le distributeur a reçu un soutien de poids vendredi, celui de l'UFC Que Choisir. L'organisation de consommateurs a dénoncé dans un communiqué « l'impact immédiat et colossal » des propositions des agriculteurs et des industriels, soutenues par certains distributeurs. « Un relèvement du seuil de revente à perte, comme évoqué, se traduirait dès 2018, selon nos analyses, par une hausse de prix de 1,4 milliard d'euros, soit 2,4 % sur les rayons concernés », avait déclaré vendredi l'organisation de consommateurs.

Agriculteurs, industriels et certains distributeurs estiment de leur côté que Michel-Edouard Leclerc « ment » sur l'impact pour le consommateur des mesures envisagées. Serge Papin, le patron de Système U, avait nié en bloc, jeudi, les accusations de Michel-Edouard Leclerc. Selon Serge Papin, les fortes marges perçues par les distributeurs sur les produits agricoles, et les faibles marges perçues sur les produits de grande consommation sont « la base de l'injustice que vit le monde agricole aujourd'hui ». « Le Nutella est subventionné par la pomme Royal Gala », avait-il résumé la semaine dernière.

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